Ajouter ou retirer un copropriétaire indivis d’un immeuble hypothéqué : est-ce si compliqué ?


par Me Timothée Bertault-Davidson

Notaire, associé - Droit immobilier résidentiel, St-Jérôme

tbdavidson@LRVnotaires.com

450 432-4134  poste 214


_____

Contrairement à la croyance populaire, pour retirer ou ajouter une personne sur un titre de propriété, il ne suffit pas de rayer son nom ou de l’ajouter dans l’acte. Qu’il s’agisse d’une séparation où l’un des ex-conjoints rachète la part de l’autre ou d’une nouvelle union dans laquelle le couple souhaite devenir copropriétaire de l’immeuble déjà détenu par l’un des deux conjoints, il y a plus d’un élément à prendre en considération pour ce type de transaction.

De prime abord, le notaire ne peut pas simplement faire un simple transfert entre les conjoints sans aviser le prêteur qui détient l’immeuble concerné en garantie. En effet, dès qu’il y a déjà une hypothèque en place, il appartient à votre institution financière de déterminer la marche à suivre pour compléter la transaction. Une fois que votre prêteur a déterminé la façon de faire, il fournira des instructions au notaire qui les exécutera. À ce sujet, il existe deux options possibles qui varient selon la situation et l’institution financière.

La première option consiste en une prise en charge hypothécaire communément appelée une « assumation ». Cette option consiste en une vente entre les parties à charge pour celui qui conserve la maison d’assumer l’hypothèque à la complète exonération de celui qui vend. Dans ce type de transaction, il n’y a pas de nouvelle hypothèque à signer. L’institution financière libérera simplement celui qui vend sa part de toutes ses obligations envers elle, mais l’hypothèque originale demeurera en vigueur.

La deuxième façon de procéder nécessite plus d’étapes. D’abord, une toute nouvelle hypothèque sera signée par la ou les personnes qui seront dorénavant propriétaires. Ainsi, l’hypothèque originale fera l’objet d’une quittance et sera donc radiée au Registre Foncier du Québec. Par la suite, lorsque la nouvelle hypothèque sera signée, il doit y avoir un acte de transfert notarié entre les parties dont les modalités varient selon le type de dossier. Au même titre qu’une vente par un tiers, ce type de transaction nécessitera deux rendez-vous chez le notaire, soit un premier pour la signature de la nouvelle hypothèque et un deuxième pour la signature de l’acte de transfert final.

Dans les deux cas, le transfert de propriété n’engendrera généralement pas de droits de mutation (taxe de bienvenue), puisqu’entre personnes liées comme des conjoints ou des ex-conjoints, ou entre descendants et ascendants, il y a une exonération de la taxe. Dans le cas d’une séparation, il faut cependant respecter le délai prévu dans le loi pour obtenir cette exonération.

Pour toute question relative à l’ajout ou au retrait d’un copropriétaire, n’hésitez pas à communiquer avec l’un des notaires spécialistes de notre équipe.


 

 
Du même auteur
Acheter avec ou sans la garantie légale : telle est la question

Me Timothée Bertault-Davidson
Droit immobilier


En vertu de la loi, le vendeur d’un immeuble, tout comme un vendeur d’électroménagers, est tenu à la garantie légale envers son acheteur. Par contre, à la différence d’un commerçant ou d’un vendeur professionnel, saviez-vous qu’un particulier, vendant sa maison pourrait exclure l’application de la garantie légale?


Qu’est-ce qu’une partie commune à usage restreint?

Me Timothée Bertault-Davidson
Droit immobilier


Vous comptez acheter un condo prochainement, car vous êtes tombé en amour avec la terrasse vous permettant de prendre un café en regardant la nature ? Saviez-vous que dans la majorité des projets de copropriétés, les terrasses et/ou balcons ne sont pas des parties privatives ?


VOIR PLUS D'ARTICLES
 
Tous Nos articles
L'incidence de la nouvelle loi et la publication des actes en anglais au registre foncier

Me Rosalie Poulin
Droit immobilier


C’est le 1er juin 2022 que la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (ci-dessous la « Loi »), aussi connu comme étant le projet de loi n°96, a été sanctionné à l’Assemblée nationale du Québec. Cette Loi a comme objectif de promouvoir l’utilisation de la langue française, en apportant d’importants amendements à la Charte de la langue française et au Code civil du Québec. Selon le plus récent recensement de Statistique Canada, la population francophone au Québec s’élève à environ 78% alors que celle anglophone représente 10%. Toutefois, c’est ce dernier pourcentage qui subira les conséquences de l’entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions législatives.


Peut-on perdre sa maison suite au défaut de paiement des impôts fonciers ?

LRV Notaires
Droit immobilier


Saviez-vous que le non-paiement des impôts fonciers par le propriétaire d’un immeuble peut entraîner la perte de son immeuble? En effet, si un propriétaire n’est plus en mesure d’acquitter ses taxes foncières, les municipalités, MRC ou villes (ci-après « municipalité »), selon le cas et les centres de services scolaires disposent de recours prioritaires aux autres créanciers. L’un de ces recours est la vente d’un immeuble pour défaut de paiement des taxes, ce qui leur permet de saisir un immeuble et de le revendre aux enchères publiques afin de recouvrer les sommes qui leur sont dues, et ce, en vertu de La Loi sur les cités et villes et du Code municipal du Québec. En effet, les arrérages de taxes municipales ou scolaires deviennent, suite à la publication d’un préavis adéquat, une créance constitutive d’un droit réel qui est opposable aux tiers.


VOIR PLUS D'ARTICLES